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vendredi 3 octobre 2014

Otis Taylor

Otis Taylor

Le "bluesman aux yeux clairs"

Ne vous fiez pas aux apparences de cet homme soixantenaire et débonnaire, de sa voix douce, voilée mais franche, de ses yeux d'acier, de son jeu instrumental minimaliste et de ses petites mélodies...
Oui, oui, tout ça, tout ça...

On sent bien qu'il a fait son petit bonhomme de chemin ; jeune il jouait de la pop, il s'est même produit à Londres en jouant du banjo, de l'harmonica ... Mais il s'arrête en 1977.
Il vit de quelques petits boulots, beaucoup le brocanteur.
Puis voila t'y pas qu'il revient en 1995 avec une guitare, des reprises et des chansons inclassables, country, blues, ballades hypnotiques...

Il publie 7 albums, tourne difficilement avec son groupe et le public spécialisé le plébiscite, il obtient une bourse en 2001, est cité aux Music award 11 fois et reçoit le prix du meilleur cd de blues de l'année pour 3 cd d'affilée. Bien.

Mais c'est la bande sonore de film qui va le faire connaître.
Tout d'abord "Nasty letter" dans le film "shooter, tireur d'élite" en 2006, puis toujours "Nasty letter" ainsi que "Ten Million Slaves" repris pour le film "Public enemies" en 2009.
Je l'ai même entendu au générique "la dernière caravane" de Foued Mansour, un court métrage social français en noir et blanc.

Il faut dire que l'on n'avait pas entendu ça depuis des lustres. Les musiques sont des blues, répétitifs, obsédants et intimistes. Il y délivre le constat d'une société malade, navrante et inhumaine. Avec très peu de mots, très peu de démonstration, pas de cris, et les ritournelles nous semblent alors amères et sombres. Mais c'est poignant et fort, trop peut être.
Son analyse de destins sociaux dévastateurs est franche, brutale quand les thèmes de ses chansons abordent un vieux lynchage dans le Sud, le sort d'un sans abri affamé, le sentiment de souffrance désespéré du père qui ne peut payer les soins pour sa fille et qui pendant "trois jours, trois nuits" la regarde mourir....

Il a beau crouler sous les récompenses, il n'est pas invité aux festivals. Les organisateurs sont figés de peur : "très bel album, mais ce n'est pas pour notre festival!".

Il s'en défends :

"Ma musique n'a pas grand attrait commercial. Je ne sais pas ce qui se passe, mais les gens n'ont plus l'habitude d'entendre cela dans le blues, pourtant réputé pour pouvoir être une musique triste..."
"Il fut un temps où les Noirs ne pouvaient pas dire ce qu'ils voulaient dire.
Heureusement, je suis maintenant suffisamment âgé et dans une société où je peux le faire.
Je n'utilise pas beaucoup de mots non plus, c'est ce qui rend ma musique d'autant plus intense.
Alors je leur dis comme des mantras. Cela peut être énigmatique parfois, je suppose. Mais je ne suis pas plus sombre que les gens des Appalaches.
Je ne sais pas ce qui s'est passé. C'est comme si les amateurs de blues voulaient se sentir un peu trop heureux avec la musique."

Mais cela va mieux surtout qu'il est régulièrement invité en France et en Europe
Voyons donc cela :

"Nasty letter" d'actualité pour les personnes licenciées

"Quelqu'un m'a écrit un lettre, une méchante lettre
Mais ils n'ont pas signé de leur nom
Je pense que je sais, je sais qui l'a écrit
Eh bien je le reconnais, je reconnais la main
Il commence à faire chaud
Oh si chaud
Il fait si chaud
Sur une journée d'hiver

Je lis en arrière, la lecture vers l'arrière,
Sur cette page
Dans l'espoir de défendre
Si le diable s'en mèle
J'ai été à tort, accusé à tort
J'ai été à tort, j'ai été à tort,
J'ai été à tort, accusé à tort.  "

Nasty letter
,

 Un petit concert avec "Ten million slaves" en entrée



Il joue du banjo et c'est son premier instrument. On lui a dit que c'était un instrument africain.
Je suis pratiquement sur qu'à l'instar de Taj Mahal il a vu et écouté les africains joueurs de n'goni.
La preuve...

Resurrection blues


Concert entier

samedi 25 juin 2011

Mon blues à moi : John Hammond

Par Pilblues

John Hammond



Voici un autre blanc-bec qui, parmi les premiers, a osé se frotter au répertoire du blues dès les années soixante. Il est moins connu du grand public que Paul Butterfield, et a été moins innovant, mais il possède pratiquement tous les styles de blues et chante avec ferveur. C'est un des rares véritable « chat de gouttière » blanc capable de nous miauler le blues. Cela en a énervé quelques uns et il est vrai que cela peut fatiguer à la longue, lorsque l'on enchaîne les morceaux les uns derrière les autres. Mais quelques morceaux de ballades lentes sur guitare acoustique normale possèdent une fulgurance qui justifie amplement ce choix. Dès 1962, on comprend tout à coup d'où vient le rock...

Le père

Journaliste blanc sympathisant du Parti Communiste américain, John Hammond fut un jeune producteur de jazz, issu de la bourgroisie New-Yorkaise. C'est lui qui organisa au Carnegie Hall à New York le célèbre spectacle From Spirituals to Swing qui reprenait tous les grands thèmes de la musique noire américaine. Sonny Terry et Big Bill Broonzy y figuraient dans la partie dédiée au Blues.

Il produit entre autres Bessie Smith et la fait découvrir à Hugues Panassié du Hot Club de France (Hammond en est le président mondial). Panassié la fait à son tour découvrir aux français.

Le fils (Sur la photo ci-dessus)

Fils de John Henry Hammond et de sa première épouse, Jemison McBride, une actrice.

Prénom, Paul, en l'honneur d'un ami de son père, l'acteur Paul Robeson. Cependant, Hammond est élevé par sa mère et il ne voyait son père que très rarement.

Il a commencé à jouer de la guitare au lycée, en partie inspiré par une performance de Jimmy Reed à l'Apollo Theater. Dans le milieu des années 60, il est en tournée nationale et vit à Greenwich Village. Il se lie d'amitié et enregistre avec de nombreux musiciens de blues électrique à New York, dont Jimi Hendrix, Eric Clapton, The Hawks (plus tard connue sous le nom The Band), Dr John, et Duane Allman.

Hammond joue habituellement en acoustique, choisissant la dobro « Nationale Reso-Phonic Guitars » et chante dans un style barrelhouse. Depuis 1962, quand il fait ses débuts sur le label Vanguard, Hammond a réalisé 34 albums jusqu'à présent. Dans les années 1990, il enregistre sur l'étiquette Point Blank Records. Hammond a gagné un Grammy Award et a été nominé pour quatre autres. Il a également fourni la trame sonore du film de 1970, Little Big Man, avec Dustin Hoffman.

Bien que salué par la critique, Hammond a reçu un succès mitigé. Néanmoins, il jouit d'une base de fans solide et a gagné le respect de John Lee Hooker, Roosevelt Sykes, Duane Allman, Robbie Robertson et Charlie Musselwhite, qui ont tous contribué à ses disques. En outre, il est la seule personne qui ait jamais eu dans le même temps, Eric Clapton et Jimi Hendrix dans son groupe, même si cela n'a été que pour cinq jours dans les années 1960, quand Hammond joue au Café Gaslight à New York City. Il enregistre avec plusieurs des membres de The Band en 1965, et les recommande à Bob Dylan. Il a joué aussi avec Muddy Waters, Howlin 'Wolf, JJ Cale, Tom Waits, John Lee Hooker et bien d'autres...

Dans la première partie des années 1990, Hammond s'investit dans le documentaire de la télévision britannique « A la recherche de Robert Johnson ».

Hammond a une longue amitié avec le compositeur Tom Waits. En 2001, il publie Grin Wicked, un album entièrement fait de compositions de Tom Waits, avec Waits lui-même à la guitare et choeurs et assurant la production du projet.

En 2011, Hammond est intronisé au Temple de la renommée du Blues de la Fondation Blues.

AFTER DARK: 12th show of '85 pt 2 (25/3/1985) - John Hammond




Une reprise de Robert Johnson 

John Hammond, "Come On In My Kitchen" 




John Hammond Jr. - Slick Crown Vic





Duo avec Tom Waits
John Hammond & Tom Waits - I Know I've Been Changed


Et un petit bonus en forme de duo
JOHN HAMMOND & JORMA KAUKONEN - My time after a while


samedi 11 juin 2011

Mon blues à moi : Paul Butterfield Blues Band


Paul Butterfield Blues Band


par Pilblues

Sleep harmo vous tient en haleine (si j'ose dire avec cet instrument...) depuis deux semaines avec son harmonica. Ahhh ! L'harmo. Son histoire au far ouest tient du conte de fées. Toujours est-il que cet instrument, outre le fait qu'il se fait tout petit dans la poche et dont le prix modique ne fait pas de gros trous dans le porte monnaie, est conséquemment un des jouets favoris des bluesman qui l'ont exploité à fond. Je ne vous parlerai pas cette fois-ci de ces vénérables et pauvres noirs du delta, mais du premier américain blanc a s'être familiarisé au « ruine babine », le propulsant d'un coup sur la scène pop.

Paul Butterfield a été le premier joueur d'harmonica blanc à développer un style original et assez puissant pour le placer dans le panthéon des grands noms du blues. Impossible de sous-estimer l'importance des portes ouvertes par Butterfield. Avant son arrivée au premier plan, les musiciens américains blancs traitaient le blues avec prudence, se considérant comme inauthentiques. Butterfield leur ouvrit la voie en s'appuyant sur la tradition du blues au lieu de se contenter de le reproduire. Ses performances agirent comme un catalyseur majeur pour le blues électrique de Chicago, surtout pour le public blanc qui ne prisait que le blues acoustique du Delta.

A partir du milieu des années 60, avec le Paul Butterfield Blues band, un des premier orchestre à pratiquer l'intégration raciale, nous avons affaire à une musique éclectique, révolutionnaire, qui allie une offre de blues électrique avec du rock & roll, du rock psychédélique, du jazz, et même sur l'album East-West de la musique classique indienne.

Butterfield est né le 17 Décembre 1942, à Chicago. Son père avocat et sa mère peintre ont encouragé ses études musicales dès son plus jeune âge et il prend des leçons de flûte avec le flûtiste de l'Orchestre symphonique de Chicago qui lui sert de tuteur privé.

Mais cependant, Butterfield est de plus en plus intéressé par la musique blues qui imprégnait le South Side. Il y fréquente les blues clubs dès 1957. Butterfield avec sa guitare et son harmonica, joue sur les campus universitaires à travers le Midwest. Contraint de refuser une bourse d'athlétisme à l'Université Brown à cause d'une blessure au genou, Butterfield entre à l'Université de Chicago, où il rencontre un autre garçon fan de blues, le guitariste Elvin Bishop. Butterfield et Bishop continuent à faire le tour des clubs de blues ou ils étaient souvent les seuls blancs présents. Butterfield devient un chanteur décent, et peu de temps après avoir rencontré Bishop, il concentre son énergie musicale sur l'harmonica, développant sa technique, un son. Il abandonne vite ses études pour faire de la musique à plein temps.

Butterfield et Bishop sont rapidement acceptés en raison de leur enthousiasme et de leur compétence musicale. En 1963, le club de North Side Big John's offre au Butterfield blues band une résidence. Butterfield a déjà recruté le bassiste Jerome Arnold et le batteur Sam Lay de la section rythmique de Howlin 'Wolf, et remplacé le guitariste Smokey Smothers par son ami Bishop.

Fin 1964, le Paul Butterfield Blues Band est découvert par le producteur Paul Rothchild, et après avoir ajouté le guitariste Michael Bloomfield, ils signent pour Elektra et enregistrent plusieurs séances pour un premier album, dont les résultats ont été tout d'abord mis au rebut.

Malgré quelques frictions entre Butterfield et Bloomfield au départ, le respect pour les compétences musicales l'a emporté, et ils ont joué en ensemble dans des clubs de blues autour de la ville. Une chanson de leur première session annulée, "Born in Chicago", a créé un fort buzz sur le groupe. À l'été 1965, ils rentrèrent dans le studio pour une deuxième session, en ajoutant l'organiste Mark Naftalin en tant que membre permanent. Dans l'intervalle, ils sont réservés pour jouer au Folk Festival de Newport. Lorsque Bob Dylan a vu leur performance lors d'un atelier blues pendant ce festival, il a recruté le groupe pour une partie de son propre show, tard dans la soirée.

Vertement conspué par les puristes acoustiques, Dylan et le Paul Butterfield blues band sont restés stoïques pour finalement ébranler le monde folk dans ses fondements, et lancer un mouvement électrique folk-rock efficace qui a sonné le glas du renouveau folk traditionaliste.

Dans la foulée de leur passage historique à Newport, le Paul Butterfield Blues Band sort son premier album éponyme plus tard en 1965. Maintenant considéré comme un classique, le LP a causé tout un émoi parmi les amateurs de blues blanc qui n'avaient jamais entendu de blues électrique dans le style de Chicago effectué par des blancs, hormis les groupes du blues-rock britannique. Non seulement il a semé les graines d'un millier de bandes de bar, mais il a également contribué à introduire auprès des auditeurs blancs les influences du groupe, notamment Muddy Waters et BB King. Vers la fin de 1965, le batteur Sam Lay est tombé malade et a été remplacé par le batteur de jazz Davenport Billy, dont les rythmiques et de la sophistication ont bientôt fait de lui un membre permanent. Il a été particulièrement utile, car Butterfield est poussé à diversifier le son du groupe, de par l'intérêt croissant de Bloomfield pour la musique orientale, en particulier Ravi Shankar. Leur éclectisme se manifeste de plus en plus sur leur deuxième album, 1966 East-West, qui reste leur plus grand exploit. Ce LP est une suite instrumentale intégrant blues, jazz, rock, psychédélique, et raga... C'est devenu leur signature musicale.

Malheureusement, Mike Bloomfield quitte le groupe en plein succès en 1967, et forme un nouveau groupe appelé l'Electric Flag avec Gravenites Nick. Tout deux aspiraient à pousser l'éclectisme d' "Est-Ouest" encore plus loin.

Elvin Bishop reprend la guitare leader pour le troisième album du groupe, en 1967 "The Resurrection of Pigboy Crabshaw" (une référence au surnom de Bishop's). L'album comporte une nouvelle section rythmique dans le bassiste Bugsy Maugh et le batteur Phil Wilson, plus une section de cuivres qui comprenait un jeune David Sanborn. En1968 a suivi l'album, "In My Own Dream", plus inégal dans son écriture, et les deux Elvin Bishop et Mark Naftalin quittent le groupe avant la fin de l'année.

Cela ne va plus très bien entre Butterfield et la firme Elektra, Paul désirait s'orienter dans une direction musicale plus jazzy que le style promu par la firme ; le résultat de 1969 "Keep on Moving", a été une nouvelle sortie "incompatible", malgré le retour de Billy Davenport et une injection d'énergie donné par le nouveau guitariste de 19 ans, Buzzy Feiten. 1969 n'a pas été un fiasco pour Butterfield, le groupe restait encore assez populaire pour qu'il puisse prendre part au projet de Woodstock. Il est également présent à une "session de stars" organisé par Muddy Waters surnommé "Fathers and Sons", qui témoigne de l'influence du géant de Chicago sur la nouvelle génération de bluesmen.

Après 1970, Butterfield se sépare d'Elektra. Fatigué de tout ces tracas, il se retire dans l'atmosphère de Woodstock, un paradis pour les musiciens dans le début des années 70. En 1971, il forme un nouveau groupe baptisé Better Days. Le guitariste Amos Garrett et le batteur Chris Parker ont été les premiers à rejoindre, avec Geoff duo folk et Maria Muldaur en remorque. Le groupe est étoffé par l'organiste Merl Saunders et le bassiste John Kahn, tous deux de San Francisco. Cette agrégation travaille sur la bande son originale du film Steelyard Blues. En 1972 sort "Better Days".

Butterfield poursuit par la suite une carrière solo, mais avec des succès décroissants. Son jeu d'harmonica, même s'il reste exceptionnel, n'est plus de mode. En 1975, il apparaît dans le film « The Last Waltz ».

Il tente un come-back en 1981 mais sa santé est en déclin, les années de forte consommation d'alcool commencent à le rattraper... d'autant qu'il est en pleine addiction à l'héroïne, lui qui s'y était farouchement opposé en tant que chef d'orchestre. Le 4 mai 1987, Butterfield décède d'une surdose, il n'a pas tout à fait 45 ans.

Je crois honnêtement que nous devons beaucoup au Paul Butterfield Blues Band. Leur album "East-West" a véritablement été un électrochoc dans le monde musical au milieu des années 60. Il est aussi important à mon idée que les albums Revolver et Sergent pepper des beatles. Peut être même a-t-il été précurseur ? Va savoir...

Je reconnais toujours le jeu singulier d'harmonica de Paul Butterfield. Ses riffs ont été depuis copiés et repris sans vergogne par tous les harmonicistes, avec bonheur...


Paul Butterfield Blues Band - Driftin' Blues (Monterey 1967)




Paul Butterfield Blues Band - born in chicago Newport Folk Festival




Slowdown Paul Butterfield With Levon Helm Dr.John and David Sanborn.

samedi 14 mai 2011

Mon blues à moi (9) : Big Bill Broonzy


Big Bill Broonzy


28 juin 1893, Scott (Mississippi) - 15 août 1958, (Chicago)


De tous les bluesman du Delta d'avant-guerre, Big Bill Broonzy est un des rares a avoir atteint un statut de popularité aussi importante.

Big Bill Broonzy est né dans une famille nombreuse de paysans (17 enfants ?). Le jeune William Lee Conley, dit plus tard Big Bill Broonzy, joue d’abord du violon et du banjo lors des mariages et des fêtes familiales. Mais c’est en tant que guitariste qu’il commence sa carrière au milieu des années vingt à Chicago, enregistrant ses premiers 78 tours en 1926. Deux ans plus tard, il connaît son premier grand succès avec "Big Bill Blues", qui lui assure une réputation qui durera jusqu’à sa mort.

Il enregistre plus de 300 faces de disque en vedette et autant en qualité d’accompagnateur d’autres grands bluesmen (Washboard Sam, Jazz Gillum, Memphis Slim, entre autres) pour des labels tels que Paramount, Jewel, ARC, Perfect, Romeo, et d'autres. Avec à ses côtés Frank Brasswell, il forme son propre groupe, appelé le "Boys Hokum", ou les "cygnes noirs de Chicago", ou le "Ramblers Midnight" (Broonzy est cité comme Bill Williams, Big Bill Johnson, Sammy Sampson, etc ...).

Chanteur à la voix forte, claire et prenante, au ton déclamatoire, il est un guitariste complet, véloce et bondissant dont le style innovant sera abondamment imité.

Son immense talent et sa personnalité chaleureuse le rendent populaire auprès de la communauté noire de la ville de Chicago, pendant la période (1930-1942) qui représente l’âge d’or du Chicago blues.

Après la guerre, son style devient moins fruste, plus policé, urbain et électrifié. Il est l’un des premiers bluesmen à venir en Europe et notamment en France (1951), et nul autre que lui n’aura eu plus d’importance pour la propagation du blues au moment où celui-ci semblait en voie de disparition. Doté d’un remarquable sens commercial, il abandonne alors sa guitare électrique et sa section rythmique pour revenir à la formule soliste des origines et il est présenté comme « un laboureur noir du Sud » ou comme "le dernier des bluesmen vivants" interprétant les vieux chants folkloriques du Sud. Sur le disque "Hollerin’ and Cryin’ the Blues" (enregistré en France), il chante le célèbre "Baby please don't go", des "traditionnels" comme "John Henry" ou le "spiritual" "Nobody Knows".

Tout d'abord une vidéo filmée par Pete Seeger. Big Bill Broonzy est sur les marches du porche de la maison de la ferme du "summer Camp Circle Pines Center " ou il travaillait. Il avait alors 64 ans, pas mal encore non ? Il y joue 3 blues dont l'instrumental Hey, Hey qu’Eric Clapton a reprit récemment.
Pilblues

Big Bill Broonzy‪- 3 chansons


‪Big Bill Broonzy‪- Trouble in mind


Big Bill Broonzy‪- When Did You Leave Heaven‬


Enfin, ce n'est pas une vidéo mais c'est une de mes préférées.
Si tu es un blanc, ça va tu peux rester, si tu es métis, reste en dehors, mais si tu es noir, dégage....
‪Big Bill Broonzy‪- black brown white

samedi 7 mai 2011

Mon blues à moi (8) : Leon Redbone


Leon Redbone



Petite digression, si nous restons dans le domaine du blues, étendons-le aux portes du jazz, celui du dixieland, de cette musique féconde d'entre deux guerres. A cette époque, la limite entre ces genres était bien floue, les mêmes musiciens jouant joyeusement du blues généralement en solo, et du jazz en groupe.

Je veux ici vous présenter Leon Redbone, un guitariste interprète hors norme qui sévit toujours sur les scènes américaines.

Mélange détonant, Leon Redbone est un cas, un canular ! II s'entoure de mystère, et sa petite moustache, son inamovible panama, sa petite silhouette, cachent la réincarnation de Groucho Marx.

Mystère donc !

Il prétend un jour être né à Bombay lors d'une éclipse de soleil, fils inconnu de gens célèbres. Son allure désuète de petit anglais victorien en costume croisé, lunettes noires, et humour vitriolesque en fait un personnage plus qu'à part, à côté.

Il interprète de son inimitable voix de crooner, un répertoire Jazzy très orienté vers les années 20, souvent des titres peu connus de cette époque, des vieux blues ragtimes sur fonds de dépression, des valses anciennes et du jazz-folk datant de la seconde guerre mondiale. Sa passion de ces chansons du temps passé a fait de lui une sorte de conservateur officiel du Musée de la musique du XX siècle.

Le lien qui relie entre eux les styles musicaux favoris de Leon Redbone est son extraordinaire maîtrise de la guitare acoustique. L’aspect fantaisiste du personnage ne doit pas faire oublier qu’il est un redoutable technicien de la six cordes, expert en techniques diverses dont un remarquable finger-picking.

La carrière de Leon Redbone s’est envolée dans les années 70 quand Bob Dylan l’a fait venir au festival folk de Mariposa.

Les USA l’ont découvert sur Saturday Night Live en 1976 et n’ont jamais oublié son incroyable version de « Walkin’ stick ». Pour cette époque très marquée par une scène rock amplifiée, le message intimiste et feutré de Leon Redbone trouva ses adeptes.

Leon Redbone a fourni des titre-thèmes pour la télévision, des films, et fut longtemps l’invité favori de Johnny Carson. Il a popularisé la publicité pour la bière « This Bud’s for you ». C'est sa voix que l’on entend dans « Getting to know you » dans une série de pubs pour Chevrolet. Pour cette figure atypique du spectacle, les occasions d’apparaître dans le monde de la culture pop se sont avérées nombreuses.

Mais pour lui, toutes ces aventures parallèles sont des gadgets sympathiques qu’il refuse de prendre au sérieux et ne sont que des hors d’œuvres, comparées au plat principal : la scène. Leon Redbone préfère les concerts à tout autre chose, y compris les studios d’enregistrement.

Le succès lui tombe dessus actuellement, cela le laisse assez froid, pourtant dès 1975, nous aurions dû avoir la puce à l'oreille concernant ce drôle de type. « L'esprit réuni de Jerry Roll Morton, de Fats Waller, et de Bing Crosby » clamait un critique américain.

L'homme qui se prétend Léon Redbone continue son bonhomme de chemin, toujours aussi lunaire, improbable, chantant, sifflotant, jouant de l'harmonica, imitant la trompette avec la bouche... Il est stupéfiant, déroutant, et infiniment sympathique.

Leon Redbone apparaît sur terre avec l'aimable autorisation de Groucho Marx, Buster Keaton, Chaplin, Waits et de tous les clowns tristes qui ont su rendre le monde plus tendre.


Une version déjantée d'un tube popularisé par Louis Prima
Leon Redbone - I Aint Got Nobody (extended intro)




Le voici au sein d'un orchestre, tuba clarinette, basse...
Leon Redbone - "Ghost Of St Louis Blues"& "My Blue Heaven"




Entourage plus country
Leon Redbone - Crazy Blues




Un incroyable talent de pinson..
Leon Redbone - Please Don't Talk About Me...

samedi 30 avril 2011

Mon blues à moi (7) : Sonny Terry


Sonny Terry



Je vous présente Sleep Harmo, dessinateur, humoriste et musicien. Depuis que je le connais, lui, son p'tit frérot, (et notre belle lurette), je ne l'ai jamais vu sans avoir en poche, dans une petite boite rouge, un picolo, mini harmonica de chez Hohner. C'est son talisman, son fil rouge.

Je partage avec lui son amour cette bête bizarre, qui, outre le fait de pouvoir faire hurler à la mort le clébard le plus policé, est avec la guitare le moyen d'expression le plus courant des bluesman.
Pilblues

Sonny Terry, né le 24 octobre 1911 à Greensboro (Georgie),
décédé le 11 mars 1986 à Mineola (New York)


Voilà maintenant 50 ans que l’harmonica diatonique fait partie intégrante de ma vie. La rencontre avec cet étrange instrument est le fait du hasard. Vers l’âge de 13, 14 ans, passant devant la vitrine d’un électricien en banlieue qui vendait également tourne-disques, disques, flutes à bec et harmonicas, je fus attiré par le petit modèle piccolo en do de chez Hohner qui trônait dans la vitrine. Un véritable coup de cœur. Pour 6,40 francs, je m’offrais (tout du moins je l’imaginais) un énorme bonheur. Tout mon argent de poche y passa. Heureux et excité à la fois, la petite boîte rouge au fond d’une poche, je me demandais bien qu’elle mouche m’avait piqué ? Je n’avais je l’avoue aucune connaissance particulière sur le sujet. J’avais bien entendu Albert Raisner et un vieux chef de patrouille chez les louveteaux souffler dans l’instrument mais c’était tout.

Après quelques tentatives plus proches du myxolydien non maitrisé que du pentatonique débridé, rien ne sortit de la miniature à lamelles. Mon enthousiasme chuta aussi vite que les cours en plein jeudi noir. Rejeté au fond d’un tiroir mon pauvre Piccolo entamait déjà une retraite précoce vouée sans doute à l’éternité…

Je le libérais bien plus tard après avoir découvert et entendu Bob Dylan, Les Stones, Les Them, les Yardbirds etc … Me disant qu’avec un peu d’effort, j’arriverais bien à sortir quelque chose de la bête.

Dans cette rubrique, je vais essayer, non pas de vous décrire mon long apprentissage de l’harmonica et mes progrès mais plutôt de vous faire partager différents coups de cœur autour de ce drôle d’instrument en y associant sons, vidéos, photos ou dessins collectés sur la toile.

Quand j’ai, pour la première fois, écouté tel ou tel harmoniciste? Je n’aspire pas à faire inventaire de manière chronologique, ni organiser, orchestrer, disséquer, labelliser, caser, alphabétiser, non !! ce sera avec l’aide d’une vieille copine, ma mémoire. Il me faudra parfois vraisemblablement ramer ! mais fi des difficultés que je ferai subir à mes synapses.

Je me lance !

Du coté de la Basilique de Saint Denis, un libraire, avait un petit rayon vinyls avec jazz, blues et musiques du monde. C’était ce jour là mon anniversaire, en entrant dans la boutique du père Bodard, mon frère me dit :

- ça te dirait un 33 ?

- tu parles !

– du Jazz ?

– non plutôt un truc où il y de l’harmonica !

- du blues alors ?

Après avoir plongé dans le rayon je tombais sur un American Folk Blues Festival 1965. Sur ce disque, il y avait peu d’harmonica, mais ça ferait mon espoir, le soir rivé à mon teppaz, quelle claque ! Plage 9 et 10 Shakey Jake et plage 12 Sonny Terry (en compagnie de Brownie Mc Ghee). Mais comment faisaient-ils, pour sortir des sons aussi étranges, moi qui n’avait comme référence que Bob D ou le Love me Do des scarabées. L’enquête ne faisait que commencer, y a un truc ! Pendant un bon moment j’ai gavé avec cet instrument mes copains qui étaient plus admiratifs des descendeurs de manche que des adeptes du ruine-babines. Arrêtons les bavardages et ouvrons les oreilles ….
Sleep Harmo


Retrouvez ci-dessous Sonny Terry dans Hootin’ the blues


et Living With The Blues

samedi 23 avril 2011

Mon blues à moi (6) : Sam Hopkins


Sam Hopkins


Né le 15 mars 1912 à Centerville (Texas)
Mort le 30 janvier 1982 à Houston (Texas)


Dans la série des crooners voici Sam Hopkins.

A mon adolescence, j'ai acheté à un membre du « Peace corps » en partance sa collection de disques folkblues. Et c'est comme cela que je suis tombé dans une addiction outrancière de ce style de musique.

Il y avait dans ce lot deux 33t de Lightnin' Hopkins, l'un traditionnel acoustique et l'autre à la guitare électrique. Depuis lors je cultive l'écoute de ce maître du blues.

Si vous avez effectué un sale boulot toute la journée, si vous avez été maltraité, si le ciel est couvert, alors vous serez vraiment d'humeur à écouter ses chansons. Cela devrait être remboursé par la sécurité sociale.

Lui aussi a fait un peu de taule dans sa jeunesse. Ce n'était pas un mec facile, il n'aidait pas les blancs becs qui voulait lui piquer son jeu de guitare et était connu pour s'adonner au whisky.

Dans sa carrière longue de 60 ans, Hopkins a publié quelque 120 albums sur vinyle, donc plus de disques que n'importe quel autre bluesman avant ou depuis.

De fait, dès 1920, il commence par accompagner son frère et d'autres chanteurs à la guitare et reçoit les encouragements de Blind Lemon Jefferson.

En 1946, il enregistre une série de disques ou il est le premier bluesman à s'accompagner d'une guitare électrique. Il obtient un grand succès dans la communauté noire.

Avec la renaissance de la folk blues dans les années 60, le nom et la réputation de Lightnin 'Hopkins a enflé dans des proportions si remarquables que certaines personnes croyaient honnêtement qu'il a à peu près inventé le blues.

Le style prédominant chez Hopkins peut être décrit comme « poor lonesome bluesman » ou « sad Lone Star crying ». Il chante le blues dans une langue vernaculaire rurale, mais tout ce qu'il propose vous rend la vie plus facile où que vous soyez. Tels sont les mystères de sa musique.

Son jeu de guitare est d'une simplicité trompeuse, mais cette impression est vite démentie par l'élégance rare de filigranes. Sam est surnommé « Lightnin », il possède la lumière et la grâce.

Dans « Fool » la guitare amplifiée est en écho et soutien pour souligner les mots :

"Je n'ai pas de l'éducation / Je ne suis qu'un fou dans la ville".

Le chanteur admet qu'il ne peut pas écrire son nom et ne peut même pas dire son alphabet. Il se demande plaintivement : « Pourquoi ne puis-je obtenir quelqu'un d'instruit à venir m'enseigner pauvre de moi ? » « Je veux juste trouver quelqu'un pour venir m'enseigner / Et m'aider sur mon chemin ». Une chanson décrit trois minutes d'énormes problèmes sociaux.

Dans « Katie Mae Blues », il décrit une femme que d'aucuns compare à une cadillac. Mais pour lui, parce « qu'il en connaît le meilleur », il sait qu'elle est plus « comme un T-Model Ford / Elle a une belle silhouette / Mais elle ne peut exercer aucune lourde charge ». « Elle marche comme si elle avait des puits de pétrole dans son jardin ».

Des balades jouées avec une économie de moyen ou des mélodies plus rapides connues sous le terme de boogie Texas, font la majorité de son répertoire.

Pilblues




Lightnin' Hopkins (Part 1)



Lightnin' Hopkins (Part 2)


Lightnin' Hopkins - Lonesome Road