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samedi 7 mai 2011

Mon blues à moi (8) : Leon Redbone


Leon Redbone



Petite digression, si nous restons dans le domaine du blues, étendons-le aux portes du jazz, celui du dixieland, de cette musique féconde d'entre deux guerres. A cette époque, la limite entre ces genres était bien floue, les mêmes musiciens jouant joyeusement du blues généralement en solo, et du jazz en groupe.

Je veux ici vous présenter Leon Redbone, un guitariste interprète hors norme qui sévit toujours sur les scènes américaines.

Mélange détonant, Leon Redbone est un cas, un canular ! II s'entoure de mystère, et sa petite moustache, son inamovible panama, sa petite silhouette, cachent la réincarnation de Groucho Marx.

Mystère donc !

Il prétend un jour être né à Bombay lors d'une éclipse de soleil, fils inconnu de gens célèbres. Son allure désuète de petit anglais victorien en costume croisé, lunettes noires, et humour vitriolesque en fait un personnage plus qu'à part, à côté.

Il interprète de son inimitable voix de crooner, un répertoire Jazzy très orienté vers les années 20, souvent des titres peu connus de cette époque, des vieux blues ragtimes sur fonds de dépression, des valses anciennes et du jazz-folk datant de la seconde guerre mondiale. Sa passion de ces chansons du temps passé a fait de lui une sorte de conservateur officiel du Musée de la musique du XX siècle.

Le lien qui relie entre eux les styles musicaux favoris de Leon Redbone est son extraordinaire maîtrise de la guitare acoustique. L’aspect fantaisiste du personnage ne doit pas faire oublier qu’il est un redoutable technicien de la six cordes, expert en techniques diverses dont un remarquable finger-picking.

La carrière de Leon Redbone s’est envolée dans les années 70 quand Bob Dylan l’a fait venir au festival folk de Mariposa.

Les USA l’ont découvert sur Saturday Night Live en 1976 et n’ont jamais oublié son incroyable version de « Walkin’ stick ». Pour cette époque très marquée par une scène rock amplifiée, le message intimiste et feutré de Leon Redbone trouva ses adeptes.

Leon Redbone a fourni des titre-thèmes pour la télévision, des films, et fut longtemps l’invité favori de Johnny Carson. Il a popularisé la publicité pour la bière « This Bud’s for you ». C'est sa voix que l’on entend dans « Getting to know you » dans une série de pubs pour Chevrolet. Pour cette figure atypique du spectacle, les occasions d’apparaître dans le monde de la culture pop se sont avérées nombreuses.

Mais pour lui, toutes ces aventures parallèles sont des gadgets sympathiques qu’il refuse de prendre au sérieux et ne sont que des hors d’œuvres, comparées au plat principal : la scène. Leon Redbone préfère les concerts à tout autre chose, y compris les studios d’enregistrement.

Le succès lui tombe dessus actuellement, cela le laisse assez froid, pourtant dès 1975, nous aurions dû avoir la puce à l'oreille concernant ce drôle de type. « L'esprit réuni de Jerry Roll Morton, de Fats Waller, et de Bing Crosby » clamait un critique américain.

L'homme qui se prétend Léon Redbone continue son bonhomme de chemin, toujours aussi lunaire, improbable, chantant, sifflotant, jouant de l'harmonica, imitant la trompette avec la bouche... Il est stupéfiant, déroutant, et infiniment sympathique.

Leon Redbone apparaît sur terre avec l'aimable autorisation de Groucho Marx, Buster Keaton, Chaplin, Waits et de tous les clowns tristes qui ont su rendre le monde plus tendre.


Une version déjantée d'un tube popularisé par Louis Prima
Leon Redbone - I Aint Got Nobody (extended intro)




Le voici au sein d'un orchestre, tuba clarinette, basse...
Leon Redbone - "Ghost Of St Louis Blues"& "My Blue Heaven"




Entourage plus country
Leon Redbone - Crazy Blues




Un incroyable talent de pinson..
Leon Redbone - Please Don't Talk About Me...

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