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vendredi 3 octobre 2014

Otis Taylor

Otis Taylor

Le "bluesman aux yeux clairs"

Ne vous fiez pas aux apparences de cet homme soixantenaire et débonnaire, de sa voix douce, voilée mais franche, de ses yeux d'acier, de son jeu instrumental minimaliste et de ses petites mélodies...
Oui, oui, tout ça, tout ça...

On sent bien qu'il a fait son petit bonhomme de chemin ; jeune il jouait de la pop, il s'est même produit à Londres en jouant du banjo, de l'harmonica ... Mais il s'arrête en 1977.
Il vit de quelques petits boulots, beaucoup le brocanteur.
Puis voila t'y pas qu'il revient en 1995 avec une guitare, des reprises et des chansons inclassables, country, blues, ballades hypnotiques...

Il publie 7 albums, tourne difficilement avec son groupe et le public spécialisé le plébiscite, il obtient une bourse en 2001, est cité aux Music award 11 fois et reçoit le prix du meilleur cd de blues de l'année pour 3 cd d'affilée. Bien.

Mais c'est la bande sonore de film qui va le faire connaître.
Tout d'abord "Nasty letter" dans le film "shooter, tireur d'élite" en 2006, puis toujours "Nasty letter" ainsi que "Ten Million Slaves" repris pour le film "Public enemies" en 2009.
Je l'ai même entendu au générique "la dernière caravane" de Foued Mansour, un court métrage social français en noir et blanc.

Il faut dire que l'on n'avait pas entendu ça depuis des lustres. Les musiques sont des blues, répétitifs, obsédants et intimistes. Il y délivre le constat d'une société malade, navrante et inhumaine. Avec très peu de mots, très peu de démonstration, pas de cris, et les ritournelles nous semblent alors amères et sombres. Mais c'est poignant et fort, trop peut être.
Son analyse de destins sociaux dévastateurs est franche, brutale quand les thèmes de ses chansons abordent un vieux lynchage dans le Sud, le sort d'un sans abri affamé, le sentiment de souffrance désespéré du père qui ne peut payer les soins pour sa fille et qui pendant "trois jours, trois nuits" la regarde mourir....

Il a beau crouler sous les récompenses, il n'est pas invité aux festivals. Les organisateurs sont figés de peur : "très bel album, mais ce n'est pas pour notre festival!".

Il s'en défends :

"Ma musique n'a pas grand attrait commercial. Je ne sais pas ce qui se passe, mais les gens n'ont plus l'habitude d'entendre cela dans le blues, pourtant réputé pour pouvoir être une musique triste..."
"Il fut un temps où les Noirs ne pouvaient pas dire ce qu'ils voulaient dire.
Heureusement, je suis maintenant suffisamment âgé et dans une société où je peux le faire.
Je n'utilise pas beaucoup de mots non plus, c'est ce qui rend ma musique d'autant plus intense.
Alors je leur dis comme des mantras. Cela peut être énigmatique parfois, je suppose. Mais je ne suis pas plus sombre que les gens des Appalaches.
Je ne sais pas ce qui s'est passé. C'est comme si les amateurs de blues voulaient se sentir un peu trop heureux avec la musique."

Mais cela va mieux surtout qu'il est régulièrement invité en France et en Europe
Voyons donc cela :

"Nasty letter" d'actualité pour les personnes licenciées

"Quelqu'un m'a écrit un lettre, une méchante lettre
Mais ils n'ont pas signé de leur nom
Je pense que je sais, je sais qui l'a écrit
Eh bien je le reconnais, je reconnais la main
Il commence à faire chaud
Oh si chaud
Il fait si chaud
Sur une journée d'hiver

Je lis en arrière, la lecture vers l'arrière,
Sur cette page
Dans l'espoir de défendre
Si le diable s'en mèle
J'ai été à tort, accusé à tort
J'ai été à tort, j'ai été à tort,
J'ai été à tort, accusé à tort.  "

Nasty letter
,

 Un petit concert avec "Ten million slaves" en entrée



Il joue du banjo et c'est son premier instrument. On lui a dit que c'était un instrument africain.
Je suis pratiquement sur qu'à l'instar de Taj Mahal il a vu et écouté les africains joueurs de n'goni.
La preuve...

Resurrection blues


Concert entier